Le curriculum vitæ de Philippe Villemus, enseignant au Groupe Sup de Co Montpellier en ferait pâlir plus d'un. Directeur marketing de la Coupe du Monde de football en 1998, président Monde de Helena Rubinstein, directeur marketing Europe chez Mars, docteur en sciences de gestion, en marketing…

En 2003, il quitte son costume de haut dirigeant international pour « se consacrer à l'écriture et à la transmission ». Après une vingtaine d'ouvrages à son actif, des chroniques régulières dans les médias, des conférences internationales, ses cours au Groupe Sup de Co Montpellier, ses recherches, il a prouvé qu'il faisait partie de cette catégorie de personnes qui réussissent tout ce qu'elles entreprennent.

Il aborde aujourd'hui le processus de maturation de son dernier livre Le patron, le footballeur et le smicard.

Racontez-nous la genèse de ce livre…

Le marché et la valeur du travail m'intéressent depuis longtemps. Cette curiosité a pris une tournure différente lors du 18 juin 2010. J'assistais à une conférence organisée par le Groupe Sup de Co Montpellier et l'Université Montpellier I. Corinne Bessieux-Ollier et Élisabeth Walliser y présentaient leurs travaux de recherche sur le thème « Le capital immatériel : état des lieux et perspectives ». J'ai été particulièrement interpellé par leurs propos sur la comptabilisation de la valeur des footballeurs. Peu de temps après, j'entendais Nicolas Sarkozy à la télévision fustiger le salaire de certains sportifs. Il n'en a pas fallu plus pour me donner envie de creuser le sujet.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris ?

En premier lieu que la notion de salariat était très récente. Le contrat de travail et le salaire tels que nous les connaissons datent à peine du XIX^e siècle. Ensuite en réalisant la pyramide des salaires, je me suis aperçu de son instabilité. Sa base élargie correspond au chiffre des 30 % des travailleurs français qui touchent le Smic ou moins, alors que le pic très resserré du haut de la pyramide est constituée des rémunérations supérieures à un million d'euros par an. On y retrouve environ un millier de personnes : patrons de grandes entreprises, certains sportifs professionnels, quelques dizaines de traders et des chanteurs, acteurs, top models ou designers. Il y a de très fortes inégalités de croissance des rémunérations. Ce qui est particulièrement mal vécu par la population. D'autant que la valeur du travail est déconnectée de son utilité. Ce qui est une grande première ! Aujourd'hui, la valeur travail est basée sur la rareté, la valeur d'échange, le copinage…

Enfin, concernant les footballeurs, je me suis rendu-compte qu'ils étaient de véritables « objets-humains ». Ils appartiennent à leur club et ne peuvent pas vraiment refuser les transferts. Quant aux montants annoncés lors de ces fameux changements de club, ils ne sont pas versés sur le compte du joueur mais dans les actifs immatériels du club, comme le seraient un logiciel ou une marque.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à l'écrire ?

Il y a trois priorités en France : l'emploi, l'emploi, l'emploi et paradoxalement, nous n'entendons plus parler de la valeur du travail depuis trente ans. J'aspire donc à ce que ce livre fasse débat. Je revendique la suppression des parachutes dorés, des retraites chapeaux et de l'argent sale dans le football. J'ai d'ailleurs choisi mon éditeur car il a publié le Médiator d'Irène Frachon. J'aimerais que ce livre entraîne l'organisation d'un Grenelle des rémunérations du travail.

Barak Obama vient de légiférer pour limiter les salaires des grands patrons, l'Allemagne a imposé un plafonnement de rémunération à trois millions d'euros, ce qui est encore trop élevé selon moi. Le fruit est mûr pour légiférer sur les salaires. Je n'ai d'ailleurs jamais eu autant de retombées presse pour l'une de mes publications.

Retrouvez Philippe Villemus du 27 au 29 mai à la Comédie du Livre de Montpellier.
« Le patron, le footballeur et le smicard. Quelle est la juste valeur du travail ? »
ISBN : 978-29918135-24-1
19,90 €
305 p.
Editions Dialogues

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